Vous êtes professeure assistante à UniDistance Suisse depuis 2023 et responsable de la filière de Master. Comment s’est passée la mise sur pied de cette nouvelle formation ?
Cette formation est le fruit d’une réflexion qui a porté sur plusieurs années, avant même mon arrivée à UniDistance Suisse, et qui a été menée avec un comité scientifique composé d’expert-e-s de différents aspects ayant trait à l’histoire numérique. Nous avons également développé notre programme en étroite collaboration avec l’équipe EDUDL+ d’UniDistance Suisse, spécialisée dans les outils d’e-learning et l’accompagnement pédagogique. Enfin, nous avons la chance de pouvoir travailler avec des chargé-e-s de cours de différentes universités qui apportent chacun-e leur précieuse expertise à notre master. L’objectif était de proposer une formation qui puisse satisfaire tant les passionné-e-s d’histoire que des personnes souhaitant acquérir des compétences pratiques pour évoluer dans leur carrière professionnelle.
L’histoire et les technologies numériques peuvent a priori sembler antagonistes. Pourquoi cette orientation ?
Qu’on le veuille ou non, les sciences historiques sont touchées par les évolutions technologiques. La numérisation peut permettre de compiler et d’analyser d’importantes quantités de données textuelles et visuelles. Les outils technologiques peuvent aussi être des alliés pour diffuser la recherche historique si l’on pense aux vidéos, podcasts ou encore aux techniques de visualisation cartographique. Les sources historiques du futur seront en outre de facto numériques (dites digital natives) : emails, documents word et pdf, extraits de réseaux sociaux, etc. En même temps, l’utilisation de sources et d’outils numériques n’enlève rien de la pertinence des compétences classiques des historien-ne-s ayant trait à la contextualisation et à la critique de source, par exemple. Les pratiques numériques posent en outre de nouvelles questions éthiques et pratiques, comme l’accès différencié selon la fracture numérique, le respect de la propriété intellectuelle et l’open science ou encore la possibilité de préserver les sources pour les recherches historiques futures. UniDistance Suisse, par son format d’enseignement en ligne et en emploi, nous semblait être l’institution parfaite pour monter une formation qui se préoccupe de ces enjeux. UniDistance Suisse rassemble en outre des étudiant-e-s de différents cantons et nationalités, qui apportent leurs expériences professionnelles variées, ce qui enrichit beaucoup les discussions.
Quel est l’objectif de cette formation ?
Le but du Master en histoire est d’apporter aux étudiant-e-s une formation stimulante en histoire contemporaine, et aussi de les préparer à la vie professionnelle en leur offrant des compétences recherchées, notamment d’excellentes capacités analytiques, ou encore la maîtrise d’outils numériques. Les thématiques des modules visent à éclairer d’importants enjeux contemporains. Mon cours va par exemple porter sur l’histoire des pollutions et de leur régulation. On s’intéressera aux différents types de sources et données qui permettent de documenter les débats sur la régulation environnementale, le lobbying ou encore le greenwashing, qu’il s’agisse de sources papier traditionnelles provenant des archives gouvernementales ou encore de documents privés postés online par des lanceuses et lanceurs d’alerte. Vu la dégradation de l’environnement et le dérèglement climatique, il semble en effet crucial de comprendre les trajectoires historiques qui nous ont conduit-e-s à la situation actuelle et également de questionner de manière critique les discours dominants et les solutions proposées à la lumière d’expériences passées.