L’œuvre d’art numérique créée par Beeple : « Everydays : the first 5000 days »

Au mois de mars de cette année, la vente aux enchères de l’œuvre digitale « Everydays : the first 5000 days » de l’artiste Beeple pour une somme de 69 millions de dollars a fait la une des journaux.

Ce qui a attirĂ© l’attention du grand public n’est pas uniquement le prix de vente exubĂ©rant, mais surtout l’objet de cette vente : l’acquĂ©reur a payĂ© cette somme pour… un fichier digital avec des propriĂ©tĂ©s particulières ! En effet, l’œuvre de Beeple a Ă©tĂ© vendue sous la forme d’un « Non Fungible Token Â» (NFT). Un NFT est un jeton numĂ©rique unique qui a un lien avec un contenu digital ou physique, comme un tableau de Picasso par exemple. Tout comme le tableau de Picasso, avec lequel il peut ĂŞtre liĂ©, le NFT est unique et donc non fongible. Les NFTs ont Ă©tĂ© inventĂ©s afin de crĂ©er de l’unicitĂ© dans le monde digital. En principe, un fichier digital peut ĂŞtre recopiĂ© ad infinitum, faisant disparaĂ®tre ainsi son original. Le but des NFTs est de rĂ©gler ce problème en permettant de crĂ©er un jeton unique.

Cependant, les NFTs soulèvent de nombreuses questions juridiques. Il faut ainsi se demander de quels droits le/la crĂ©ateur/trice d’un NFT doit disposer pour pouvoir crĂ©er et transfĂ©rer un jeton unique. Seul l’auteur-e d’une Ĺ“uvre est-il/elle autorisĂ© Ă  crĂ©er un NFT ? Ou plutĂ´t : est-ce que la crĂ©ation d’un NFT par un-e tiers viole les droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle de l’auteur-e ? Il faut Ă©galement se demander quels droits l’acheteur/euse d’un NFT acquiert. Est-ce qu’il/elle devient le propriĂ©taire de l’œuvre tel que certains promoteurs de NFTs le font valoir ? Cette dernière hypothèse peut paraĂ®tre douteuse, Ă©tant donnĂ© qu’en droit suisse, notamment, un droit de propriĂ©tĂ© n’existe qu’en lien avec des objets physiques. Qu’en est-il alors des droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle ? L’acquĂ©reur d’un NFT doit pouvoir exposer l’œuvre digitale en lien avec le NFT s’il souhaite en faire usage. Or, en droit suisse, aucun droit de propriĂ©tĂ© intellectuelle n’est automatiquement transmis lors de la vente d’une Ĺ“uvre, qu’elle soit physique ou digitale.

L’évolution technologique pose toujours de nouveaux dĂ©fis d’ordre juridique. Le droit dans son Ă©tat actuel dispose-t-il des outils nĂ©cessaires pour faire face Ă  ceux posĂ©s par les NFTs ?

Le projet en un clin d’oeil

Titre : Non fungible tokens (NFTs) et propriété intellectuelle
Faculté : Droit
Responsable : Bruno Pasquier
Auteure : Christina Joller
Publication : Article dans une revue juridique, evt. thèse de doctorat
Objectifs : Examiner les questions juridiques posées par la nouvelle technologie des non fungible tokens (NFTs) en collaboration avec le professeur Daniel Kraus, titulaire de la chaire de droit de l’innovation à l’Université de Neuchâtel. L’objectif est dans un premier temps de rédiger un article traitant des problèmes posés par les NFTs en droit de propriété intellectuelle. Dans un second temps, Christina Joller envisage de rédiger une thèse de doctorat sur la question des NFTs en droit privé pour laquelle le dépôt d’une demande de financement est envisagé.

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